Six processus pour m’aider à développer ma flexibilité psychologique (ACT)

Six processus pour m’aider à développer ma flexibilité psychologique (ACT)

La thérapie ACT a la particularité de nous amener à changer notre regard sur les phénomènes psychologiques qui nous habitent. Avant elle, la plupart des thérapies cherchaient à modifier ou à éliminer des éléments psychologiques ou émotionnels étant considérés comme indésirables ou négatifs. Bien que ces thérapies aient prouvé leur efficacité, elles ont des limites en ce qui concerne le plein accueil du vécu humain.

Table des matières

Temps de lecture : environ 8 minutes

Aujourd’hui, nous allons voir 6 processus tirés de la thérapie ACT qui permettent de développer sa flexibilité psychologique.

Pour commencer, qu’est-ce que la thérapie ACT en quelques mots ?

La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement ou plus simplement ACT (prononcé “acte”) est issue de la dernière génération des thérapies Comportementales, Cognitives et Émotionnelles. Elle a été développée par Hayes, Strosahl, et Wilson en 1999.

Pourquoi ACT ?

  • A pour Accepter ses pensées et ses émotions tout en étant présent à l’expérience vécue
  • C pour Choisir une direction de vie en adéquation avec ses valeurs.
  • T pour Traduire en actes !

La thérapie ACT a la particularité de nous amener à changer notre regard sur les phénomènes psychologiques qui nous habitent. Avant elle, la plupart des thérapies cherchaient à modifier ou à éliminer des éléments psychologiques ou émotionnels étant considérés comme indésirables ou négatifs. Bien que ces thérapies aient prouvé leur efficacité, elles ont des limites en ce qui concerne le plein accueil du vécu humain.

L’un des objectifs est donc d’arrêter cette lutte permanente avec les phénomènes psychologiques que nous vivons. La clé serait-elle donc dans l’acceptation ? Si je ne luttais plus contre mes pensées, mes émotions, et mes sensations désagréables, si je ne cherchais plus absolument à les éviter, si je les considérais simplement comme faisant partie de l’expérience humaine, comment cela se traduirait-il dans ma vie ? L’ACT nous conduit à changer notre relation aux lois naturelles de la vie humaine.

 J’ai eu beaucoup de problèmes dans ma vie, dont la plupart ne sont jamais arrivés. 

Marc Twain

L’ACT est une thérapie validée par de nombreuse études, qui propose de travailler notre flexibilité psychologique* à travers 6 processus qui vont vous être présentés ici :

* La flexibilité psychologique est l’habileté à être présent, pleinement conscient et ouvert à l’expérience de soi et de son environnement, en posant des actes guidés par les valeurs (Harris, 2009)

  1. Le contact avec le moment présent (je suis ici et maintenant)

L’Homme moderne éprouve de grandes difficultés à rester présent. Il est, la plupart du temps, en train de ruminer, de prévoir, de planifier, de ressasser, d’imaginer ou de juger plutôt que d’être pleinement là, dans son expérience présente.

Le but est de savoir apprécier le moment présent, du mieux que l’on peut, en étant réellement en contact avec lui. C’est-à-dire savoir prêter attention aux expérience internes (pensées, croyances, émotions) ou externes (événements de vie) du moment présent, sans porter de jugement de valeur.

On réapprend (Oui ! On est né avec, avant que notre mental et notre intellect prennent le contrôle dessus) cette compétence à travers des exercices de pleine conscience.

2. La défusion (j’observe et me détache de mes pensées)

La plupart du temps, on fusionne avec nos pensées. Ce qui signifie que l’on confond nos pensées avec la réalité, et on les laisse dominer nos choix et nos comportements. Sachant que l’Homme a tendance à avoir un grand nombre de pensées négatives, cette fusion entraine beaucoup de souffrance.

L’ACT permet de s’entrainer à défusionner avec nos pensées. C’est-à-dire s’entrainer à se séparer et à prendre de la distance avec nos pensées, en les considérant simplement comme de simples pensées et non comme la réalité.

Le but est donc de changer de perspective sur nos pensées et de voir leur vraie nature, en les considérant comme une simple suite de mots ou d’images. On les considère ainsi avec plus de légèreté au lieu de nous accrocher à elles fermement.

3. L’acceptation (je m’ouvre à l’expérience)

L’acceptation s’oppose à la lutte. En effet, on a tendance à lutter contre nos expériences intérieures négatives. Ces tentatives de contrôle ou d’évitement de ces expériences intérieures, nous amènent souvent à agir contre ce qui est vraiment important pour nous, ce qui entraine inévitablement de la souffrance.

La vie est faite d’émotions plaisantes mais aussi d’émotions plus douloureuses, elles sont inévitables et font partie intégrante de l’expérience humaine. En partant de cet état de fait, cesser de lutter contre ses émotions, et les laisser venir et repartir comme elles le font naturellement, permet d’ouvrir un espace en nous, de se recentrer et d’agir en direction de ce qui est le plus important pour nous.

Le but étant de nous permettre d’avoir des expériences intérieures douloureuses tout en continuant à agir dans le sens de nos valeurs.

Attention, le terme « acceptation » est souvent mal compris, il ne signifie en aucun cas résignation !  C’est pourquoi on le remplace parfois par les termes « ouverture » ou « expansion ».

4. Le Soi observateur (la conscience pure)

Pour comprendre ce processus, il faut savoir différencier le soi penseur et le soi observateur.

Nous sommes généralement très familiers avec le premier d’entre eux. Le soi penseur (ou soi conceptualisé) est la part de nous qui est toujours en train de s’identifier à ses pensées, ses croyances, ses souvenirs, ses jugements… Elle ne fait que réagir au vécu de nos expériences.

On est beaucoup moins familiers avec le soi Observateur (ou soi comme contexte). Il faut voir celui-ci comme la scène dans laquelle se déroule nos événements intérieurs (nos pensées, souvenirs, croyances, jugements). Il faut le voir comme un « espace » dans lequel on peut regarder notre expérience sans être happé par elle. C’est l’aspect de nous qui est conscient de tout ce qui se joue en nous, nos pensées, nos sensations et nos émotions à chaque instant. C’est l’expérience de Soi en train d’observer ce qui se passe.

Dans l’ACT, des métaphores et des exercices de pleine conscience sont proposés pour aider à développer ce soi observateur et permettre de prendre de la distance avec cette infatigable machine à penser.

5. Les valeurs (je sais ce qui est important pour moi)

Au plus profond de vous-même, qu’est ce qui est important pour vous ? Quelles sont les valeurs que vous voulez défendre dans votre vie ? Que voulez-vous faire de ce court passage sur cette planète ? Les valeurs sont ce que vous désirez au plus profond de vous, ce que vous défendez, les rapports que vous voulez avoir avec le monde, avec les autres et avec vous-même.

Clarifier ses valeurs est donc essentiel pour vivre une vie pleine de sens. Pour cela, les thérapeutes formés à l’ACT proposent des exercices pour que les patients puissent bien identifier leurs valeurs et ce qui est important pour eux.

6. Inaction et évitement VS Action engagée (je fais ce qu’il faut)

Il s’agit de la dernière phase de la thérapie ACT. En effet, une fois que nous avons clarifier ce qui est important pour nous, nous pouvons nous diriger dans cette voie.

Pour s’engager dans des actions en accord avec nos valeurs, cela demande de sortir de notre zone de confort.

Or, sortir de cette zone de confort nous plonge inévitablement dans des expériences intérieures indésirables (pensées, émotions, sensations…) contre lesquelles nous luttions auparavant. Mais, après avoir développé nos capacités d’acceptation, de défusion cognitive et de contact avec le moment présent, il est beaucoup plus facile de mettre en place des actions engagées vers ce qui est important pour nous.

Concrètement, on cherchera à définir des objectifs à court, moyen et long terme, en mettant en place des comportements nous conduisant sur le chemin souhaité, pour enfin vivre une vie pleine de sens, en accord avec nos valeurs.  

figure 1 : Hexaflexe des 6 processus de la thérapie ACT

La vie apporte davantage aux gens qui profitent le plus de ce que la vie apporte

(Dicton, Harris R., pp260)

Le thérapeute adaptera sa prise en charge en fonction des déficits dans chacun des processus et choisira de les aborder dans l’ordre qui lui semble le plus efficace. A noter que tous les processus sont intriqués les uns avec les autres. 

Ce qu’il faut retenir :

La thérapie ACT propose de développer notre flexibilité psychologique à travers les six processus suivants :

  • Le contact avec le moment présent
  • La défusion
  • L’acceptation
  • Le soi comme contexte
  • Les valeurs
  • L’action engagé

Pour aller plus loin, voici nos références :

  • Deval, C. (2018). Découvrir l’ACT. Malakoff, France : Interéditions.
  • Harris, R., & Hayes, S. C. (2012). Passez à l’ACT : pratique de la thérapie d’acceptation et d’engagement. (C. Penet & L. Milleville, Trad.). Bruxelles, Belgique : De Boeck, DL 2012.
  • Monestès, J.-L., & Baeyens, C. (Éd.). (2016). L’approche transdiagnostique en psychopathologie : alternative aux classifications nosographiques et perspectives thérapeutiques. Paris, France : Dunod, DL 2016.
  • Monestès, J.-L., Villatte, M., & Hayes, S. C. (2011). La thérapie d’acceptation et d’engagement : ACT. Issy-les-Moulineaux, France : Elsevier Masson, DL 2011.

Contributeurs :

  • Valentin Le Blanc, Psychologue Clinicien
  • Aline Péronnet, Psychologue Clinicienne
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